L’enseignement

« Pour danser, il faut avoir écouté le mouvement perpétuel des arbres, même quand il n’y a pas de vent, car les arbres vivants ont toujours leur mouvement, comme les plus profonds silences ont toujours leur musique… »

Ainsi s’exprimait Malkovsky, danseur et chorégraphe d’origine tchèque. Pour lui, la danse c’était être à l’écoute du mouvement dans la nature comme dans son propre corps. De l’observation de la nature (des oiseaux, des arbres dans le vent, des flammes, de la mer et de ses vagues) on peut dégager des lois fondamentales et les vivre ensuite à travers notre corps, en respectant notre physiologie et sa logique interne.
En nous appuyant sur ces principes de base et sur notre ressenti, nous travaillons à travers des mouvements précis pour développer un geste libérateur et harmonieux, un geste qui parle. Car danser c’est exprimer – à partir de notre centre profond, à partir de la musique, du silence musical. C’est retrouver l’origine et l’intention du mouvement. On ne danse pas qu’avec son corps. On danse avec tout son être. Dans le moindre exercice nous recherchons cette qualité de présence. Ainsi, des gestes simples peuvent devenir très beaux.
Simple ne veut pas dire facile. Il nous faut progressivement dénouer les crispations et abandonner les raideurs qui bloquent la libre propagation du mouvement, pour accéder à un geste de plus en plus délié, fluide et harmonieux. On se sent plein d’énergie, plus léger, plus détendu, plus vivant. Tout ceux qui le désirent peuvent danser et la danse est d’emblée source de joie.
Martine Puynège, élève de Malkovsky

Une danse libératrice

A l’écoute de mon corps, de mes sensations, de mon ressenti, je danse.
J’apprivoise cette part de moi-même si proche et souvent méconnue : mon propre corps. A travers des mouvements, simples au départ et progressivement plus complexes, je réapprends les lois naturelles du mouvement, principes fondamentaux qui régissent aussi bien le fonctionnement de mon corps que les mouvements de l’univers qui m’entoure.
J’apprends à regarder les formes dans tout ce qui vit et bouge autour de moi : les petits enfants dans leurs jeux, le vent dans les arbres, l’écorce des arbres et sa singulière parenté avec les traces de l’eau dans le sable, des herbes au fond de la rivière, ces rochers aux rondeurs maternelles, et ces autres qu’on dirait écorce, le vol des oiseaux, entre vivacité et majesté, l’éternelle transformation des nuages et la mer, au rythme lunaire, au flux et reflux berceau, dans ses impétueux jaillissements et son immensité,…
Regarder pour ensuite traduire ces rythmes essentiels dans mes mouvements, dans ma danse. Pour laisser ce souffle inspirer mes gestes et me mouvoir dans un espace neuf, plus ouvert. La musique est là, très présente. Vibration sonore qui, elle aussi, peut inspirer le mouvement, le porter. Harmonie entre le rythme, la mélodie, le pouvoir d’évocation de la musique et le geste.
Je touche à l’esthétique par l’authenticité du vécu.
Et je suis touchée dans tout mon être. Car le corps, l’esprit et le cœur sont tous pris dans cet élan joyeux de vie.
Bonheur de danser, de rencontrer l’autre (les autres) en dansant – bonheur qui se distille ensuite au fil de mes journées .
Martine Puynège
22 Juillet 2010

Aux origines de la danse libre

Isadora Duncan (1877-1927)

Isadora Duncan révolutionna au tournant du XXe siècle l’art de la danse. Se dégageant de l’académisme classique, elle puisa son inspiration dans la nature, aboutissant à une esthétique proche de celle des artistes de l’antiquité grecque.
Pour elle, la danse avait une dimension sacrée : elle dansait corps et âme pour exprimer toute la richesse des sentiments humains. Et son rêve fut toujours de créer une école où la danse et l’art en général auraient permis le plein épanouissement des enfants.
Pour elle, la danse faisait partie intégrante de la vie. Vie qu’elle traversa avec toute la fougue, la sincérité et la liberté qu’elle incarna dans sa danse. Véritable novatrice, elle fut au cœur de l’activité artistique de son époque et inspira les plus grands : Rodin, Bourdelle, Carrière, etc.

« … Je me suis inspirée du mouvement des arbres, des vagues, des nuages, des rapports qu’il y a entre la passion et l’orage, entre la brise et la douceur, etc… et, je m’efforce toujours de mettre dans mes mouvements un peu de cette continuité divine qui donne, à la nature entière, sa beauté et sa vie. »

Isadora Duncan in Ecrits sur la danse

François Malkovsky (1889-1982)

Né en Tchécoslovaquie en 1889, François Malkovsky vint en France en 1910. Sa rencontre avec Isadora Duncan devait être décisive : il décida de se consacrer à la danse, plus qu’au chant qu’il avait jusqu’alors étudié.
Profondément inspiré par Isadora, il s’engagea dans la même voie, à la recherche d’un mouvement libéré et respectueux des lois universelles. Comme elle, il avait une conception très noble de la danse, comme un chemin d’unification pour l’individu. Il étudia sans relâche pour dégager des principes fondamentaux du geste naturel et créa des chorégraphies au style très personnel.
Il dansa sur scène jusqu’en 1948, puis consacra son existence à transmettre son art.

« La plus grande élégance est la plus grande simplicité. »

François Malkovsky